Workshop

Les rapports au public dans le spectacle vivant

Dans une approche pluridisciplinaire, regroupant des travaux relevant des champs de la sociologie, du marketing, de l’économie ou de la gestion de la culture, des chercheurs présentent leurs réflexions et nous invitent à une discussion autour des publics actuels, en tant qu’acteurs pluriels, privilégiant plusieurs activités culturelles à la fois.

Elodie Jarrier, Université de Bourgogne : Le rapport au public dans le marketing du spectacle vivant

En France, les travaux pionniers dans le champ du marketing des arts et de la culture ont été entrepris au début des années 1990. Nos questionnements (quant à la spécificité de ce type de marketing et des publics des arts vivants) souligneront la fertilisation croisée qui s’opère à l’intersection du marketing et de la culture. Nous introduirons brièvement les spécificités du marketing des arts et de la culture et du profil des publics des arts du spectacle vivant.  Dans un premier temps, nous développerons le cadre théorique dans lequel s’insère le marketing des arts et de la culture, en revenant sur les apports et limites de la sociologie, de l’approche marketing expérientielle et de la « Consumer Culture Theory » à la compréhension des publics. Dans un second temps, nous présenterons, de manière plus pragmatique, certains leviers d’action du marketing des arts du spectacle vivant.
Elodie Jarrier est doctorante en Sciences de Gestion. Elle a entrepris en 2009 un travail doctoral sous la direction du Pr. Dominique Bourgeon-Renault. Ses travaux de recherche portent sur l’impact des outils interactifs de médiation sur l’expérience de visite vécue par les publics des musées de l’art. L’enjeu théorique de ce travail est d’explorer les représentations qu’ont les publics et le non public des outils interactifs de médiation présents dans les musées d’art, les déterminants de leur utilisation et leur impact sur l’expérience de la visite. Ceci l’amène à mobiliser des méthodes qualitatives et quantitatives. L’enjeu managérial est d’aider les professionnels du secteur muséal à choisir les outils interactifs de médiation à privilégier afin d’atteindre leurs différentes cibles et ainsi élargir leurs publics et accroître la fréquentation.

 Dr. Elen Riot, NEOMA Business School :  De la répétition à la représentation : Autour du travail collectif au théâtre

Le théâtre est un espace de travail qui est bien différent de celui des organisations traditionnelles. Nous nous intéressons au rôle particulier des répétitions qui font le lien entre le projet initial et la première représentation devant le public. Les répétitions vont de pair avec un espace-temps particulier où les différents membres de l’équipe sont investis d’une mission. Comme l’a souligné Becker (1982) à propos des mondes de l’air, il existe une complémentarité et une interdépendance entre professions artistiques et professions support (non artistiques). Cependant, le lien entre les différentes professions artistiques et leur interdépendance mérite une attention toute particulière. Les choix opérés au cours de l’élaboration de la mise en scène sont-ils guidés par la recherche de solution comme dans la gestion de projet ou sont-ils plutôt fonction du statut et de l’habitus des uns et des autres (Bourdieu, 1992)? Nous nous penchons sur cette question à partir d’une observation-participante de la mise en scène de la pièce « Lear is in Town » d’abord représentée dans la Carrière Boulbon au cours du festival d’Avignon 2013 et actuellement en tournée en France.
Elen Riot est Professeur en Sciences de Gestion. Elle concentre ses recherches autour de l’art et du management, plus particulièrement, autour du rôle de la critique de l’artiste dans la société et des conditions de travail dans les mondes de l’art et en dehors. Après avoir mené des réflexions sur l’art contemporain et les nouvelles technologies de l’information et de la communication, elle se dédie actuellement à des recherches autour des métiers de l’édition et du spectacle vivant, utilisant comme méthode de recherche l’observation participante (analyse ethnographique). Elle travaille régulièrement avec Eve Chiapello, David Courpasson et Gideon Kunda.

Dr. Thierry Rayna, ESG Management School & Imperial College London :  Pourquoi va-t-on toujours au cinéma ? Le rôle des anticipations dans la fréquentation cinématographique

Aller au cinéma, c’est prendre un risque. Outre le fait qu’il est impossible de savoir à l’avance si l’on va aimer un film, aller au cinéma a un coût qui, pour beaucoup, est non négligeable. C’est particulièrement le cas au Royaume-Uni, où la place de cinéma coûte l’équivalent de 10 à 15 euros. Qu’est-ce qui peut donc bien pousser des consommateurs généralement averses au risque, et dont beaucoup disposent de moyens bien moins coûteux (et parfois de qualité comparable) de regarder des films, à « prendre le risque » de se rendre au cinéma ? Le but de cette recherche est d’apporter une meilleure compréhension des motifs pour lesquels les consommateurs se rendent, malgré un nombre toujours croissant de substituts, au cinéma. Cette étude en deux parties (avant et après le film) a été réalisée auprès de plus de 200 sujets dans les quatre cinémas les plus fréquentés de Londres. En comparant les anticipations ex ante et ex post, cette étude révèle un phénomène assez surprenant : près d’un tiers des consommateurs se créent artificiellement une « bonne surprise » en révisant, ex post, à la baisse leurs anticipations ex ante, alors même qu’ils avaient correctement anticipé la qualité du film. Ceci apporte un éclairage nouveau sur les raisons de se rendre au cinéma et sur la prédominance de l’expérience sur le contenu.
 Thierry Rayna est Professeur en Sciences de Gestion et Rédacteur Associé de l’International Journal of Manufacturing Technology and Management et membre du Réseau d’Excellence britannique « Nouveaux Modèles Économiques pour l’Économie Numérique » (NEMODE). Sa recherche porte sur les conséquences économiques et managériales des nouvelles technologies, notamment dans les secteurs des industries créatives et culturelles, des médias et des TIC. Ses travaux l’ont conduit à jouer un rôle d’expert auprès d’organisations gouvernementales et internationales (Office Européen des Brevets, U.S. Federal Trade Commission, Ministère de la Culture et de la Communication), de multinationales et de startups.

Dr. Patrick Germain-Thomas, Novencia Paris : Enjeux économiques et sociaux du développement du public de la danse contemporaine

Prioritairement axée sur le développement de l’offre des créateurs d’avant-garde, la politique de soutien à la création chorégraphique contemporaine initiée dans les années 1970 vise également à combler l’écart entre les œuvres et l’horizon d’attente des spectateurs. Après une présentation synthétique des grandes étapes de cette politique et de ses résultats, cette contribution proposera une analyse des moyens employés par les pouvoirs publics et les acteurs du monde artistique pour accroître l’ancrage social de la danse contemporaine.
Patrick Germain-Thomas est Professeur en Sciences de Gestion. Il poursuit actuellement ses travaux sur l’économie du secteur chorégraphique en centrant plus particulièrement ses recherches sur l’imbrication de l’action publique et des échanges économiques qu’occasionnent les activités de programmation. En 2012, il a publié un ouvrage aux Éditions de l’Attribut : La Danse contemporaine, une révolution réussie ?

 

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