Zimerman à Dijon ou invitation à un voyage sensoriel

La nouvelle n’aurait su passer inaperçue : Krystian Zimerman, le célèbre pianiste polonais, reconnu unanimement comme l’un des experts mondial de Chopin,  a fait l’honneur à la capitale bourguignonne le 19 Octobre dernier d’un concert sur le thème des Etudes de Claude Debussy.

Hommage dédié à Chopin, les 12 Etudes pour Piano (1915) appartiennent également aux dernières compositions que nous connaissons de Debussy, formant d’une certaine manière la synthèse d’une vie de recherche harmonique et technique. Et dès les premières notes, Zimmerman nous invite au voyage sensoriel : l’oreille se perd d’abord, cherchant un rythme, une attache. C’est finalement par le cœur que l’auditeur néophyte dépasse l’abstraction apparente des notes, pour accéder à l’univers de l’œuvre. Riches d’une technicité et d’une vision qui valut à Debussy d’être considéré d’avant-gardiste, les Etudes offrent surtout le plaisir des grandes compositions de leur siècle : la sensation d’un accroissement de notre perception,  d’un effacement de l’entendement au profit de l’affect. Le regard porté sur les mains virevoltantes du pianiste, c’est en réalité le tréfonds de notre âme que Zimmerman nous invite à contempler. Les notes touchent, font écho à notre propre noirceur, folie passagère, si l’on veut bien s’y abandonner.  L’interprétation en devient parfaite, non plus en ce qu’elle est retranscription exacte de la partition, mais en ce qu’en ce court laps de temps, l’auditeur acquière le sentiment total d’accéder à l’univers du compositeur. Un voyage dans le temps en somme…

La chute est douce, gentiment euphorique,  avec l’interprétation finale de la Sonate n°2 fa dièse Op. 2 de Brahms, où la justesse d’interprétation confirme l’évidence de la virtuosité de l’interprète : non pas se donner à voir, mais donner à vivre (ou aimer)

Concert du 19 octobre 2012 à l’Auditorium de l’Opéra de Dijon

Programme

DEBUSSY Estampes / Préludes 1er livre (extraits)

SZYMANOWSKI Trois préludes extraits des 9 Préludes Op.1

BRAHMS Sonate n° 2 fa dièse mineur Op. 2

http://www.opera-dijon.fr/

Pauline Hespel, étudiante Spécialisation CIC, 2012.

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Novembre : le Mois de la Photo à Paris

Depuis 1980, date de sa création, le Mois de la Photo a fortement contribué à faire de Paris une des grandes capitales de la photographie. Tous les deux ans, la manifestation s’installe dans les rues de la métropole et mobilise d’importantes institutions culturelles et de nombreuses galeries.

Le mot du Président de Paris Audiovisuel, Maison européenne de la photographie

« La 17e édition du Mois de la photo 2012 reflète dans sa diversité culturelle et artistique la création photographique et ses nouvelles tendances dans le monde entier.
Au fil du temps, les commissaires du Mois de la photo qui se sont succédé depuis l’inauguration de la biennale en 1980 ont eu à cœur d’explorer de nouveaux territoires et de débusquer l’éclosion de talents ignorés par la logique fatalement commerciale du marché.
Or notre religion, qui est celle du “non-profit”, n’aura été possible sans le soutien indéfectible du maire de Paris, Bertrand Delanoé et de Christophe Girard.
C’est dans ce sens que se justifie la notion de “Mois de la photo” tout à la fois normal et toujours en plein essor avec le partenariat des centres culturels étrangers de la capitale et le réseau des galeries privées.
En conséquence, la sélection 2012 exalte par son choix gourmand ses curiosités esthétiques et ses révélations.
 »

Organisé par la Maison Européenne de la photo et la Ville de Paris, cette 17e édition propose plus 80 expositions dans toute la ville.

Focus sur le programme 2012

Cette année, le Mois de la Photo s’articule autour trois volets aux thématiques différentes auxquelles s’associent trois séries d’expositions.

Grands noms de la photographie et talents émergeants se retrouveront autour de ces trois thèmes :

-         « Small is beautiful » (les petits formats)

-          Le réel enchanté

-          La photographie française et francophone de 1955 à nos jours

 

Programme complet du Mois de la Photo 2012:

http://www.mep-fr.org/moisdelaphoto2012/docs/guide2012.pdf

Stéphanie Delfour, Etudiante Spécialisation CIC, 2012.

 

 

 

 

 

 

 

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Un Centre Pompidou Virtuel pour « révéler ce qui est caché »

Depuis le 4 octobre 2012, le site internet du Centre Pompidou a été remplacé par une plateforme de diffusion de contenu, nouvel espace de partage et de ressources.

Riche de plus de 100 000 ressources numériques, cette plateforme contient les 75 000 œuvres exposées et conservées par le musée, mais exploite également des documents sonores, vidéos ou écrits issus des expositions et collaborations du Centre Pompidou comme des entretiens avec des artistes et commissaires d’exposition, des conférences, des catalogues, et des archives.

Le Centre Pompidou est le premier musée à mettre à profit le web sémantique pour l’accès à des contenus culturels. Grace à cette technologie innovante, l’utilisateur a une expérience unique à travers une « navigation par le sens». Des liens pertinents sont proposés en fonction de mots clés associés à l’information, permettant ainsi une navigation beaucoup plus complète.

« Dans le monde des musées, la révolution du numérique ne fait que commencer. Nous voulons prendre de l’avance, innover, créer un Laboratoire », précise Alain Seban, Président du Centre Pompidou.

Une première mondiale, qui démontre que le numérique n’est pas à craindre par la culture.

Elise Falgayrettes, Etudiante Spécialisation CIC, 2012.

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De l’art sur le toit de la Cité Radieuse

Un centre d’art contemporain ouvrira bientôt ses portes sur le toit-terrasse de la Cité Radieuse construite par Le Corbusier. Retour sur cette aventure.

 

Pour faire face à la pénurie de logements sociaux à Marseille dans les années 40, l’Etat français fait appelle à l’architecte et urbaniste suisse Le Corbusier qui inaugure en 1952 la première des cinq « unités d’habitation » qui verront le jour en France et en Allemagne pendant la période d’après-guerre.

Surnommée « la maison du fada », le bâtiment est révolutionnaire par sa taille et son esthétique et sa construction entraîne de nombreuses réactions. Souvent décriée car perçue comme un assemblage de « cages à lapin », la Cité est pourtant pensée par Le Corbusier comme une véritable ville dans la ville, où les couloirs sont appelés « rues », et où les habitants sont amenés à vivre ensemble et à former une véritable communauté. L’immeuble, situé dans un parc de 4 hectares, compte plus de 360 logements, une école maternelle, un espace commercial, un hôtel et un toit-terrasse abritant des équipements ouverts à tous (gymnase, auditorium en plein air, piscine pour enfants…). Classée au patrimoine en 1986, la cité verticale est aujourd’hui mondialement connue et est considérée comme un joyau de l’architecture moderne. Si la Cité Radieuse est avant tout vouée à l’origine à loger des sinistrés de guerre et des prolétaires, l’État met rapidement en ventes les appartements, qui sont aujourd’hui majoritairement occupés par une population « bobo » d’enseignants, d’architectes ou de designers.

Il y a quelques années, le toit-terrasse d’une superficie de 500m² et qui offre une vue imprenable sur la cité phocéenne est à son tour mis en vente. C’est le designer Ora-ïto, enfant de Marseille et passionné dès le plus jeune âge par Le Corbusier, qui s’en porte acquéreur. Designer touche-à-tout, Ora-ïto s’est fait connaître au début des années 2000 en détournant des logos célèbres pour créer la première marque entièrement virtuelle dont les objets (sacs monogrammés Vuitton, stylos Bic…) n’existent que sur la toile. Auteur d’un design élégant et futuriste, il collabore aujourd’hui avec de nombreuses marques (Heineken, Christofle, Adidas…) ; c’est notamment lui qui crée le flacon du parfum Idylle pour Guerlain et c’est encore lui qui conçoit en 2004 le très beau concept store de Toyota sur les Champs-Élysées.

Ce parisien d’adoption reste profondément attaché à Marseille et à son développement culturel. Il achète donc le toit-terrasse et entame d’importants travaux de réhabilitation pour redonner son aspect d’antan à l’espace à ciel ouvert qui a subi les outrages du temps. Les quelques 4 millions d’euros nécessaires au lifting du toit sont entièrement pris en charge par les copropriétaires, très impliqués dans la vie de l’immeuble et dans sa préservation.

Ora-ïto ouvrira donc son centre d’art contemporain à la Cité Radieuse en mai prochain à l’occasion de Marseille-Provence 2013. Baptisé MaMo (Marseille Modulator) en référence au système de mesure Modulator développé par Le Corbusier et comme un pied-de-nez au célébrissime MoMa de New-York,  le centre accueillera pour sa première exposition Architectones de Xavier Veilhan . Le plasticien présentera à cette occasion des œuvres exclusives, spécialement conçues pour l’évènement et dans le respect de l’atmosphère du lieu. C’est d’ailleurs le projet d’Ora-ïto : présenter au minimum trois expositions monographiques exclusives par an. Infatiguable agitateur, il souhaite par ailleurs ouvrir bientôt un centre de création « culturel et pédagogique » sur un fort de l’île du Frioul, au large des côtes marseillaises, où il compte notamment installer une œuvre issue de chaque exposition du MaMo pour créer un parc de sculpture.

La Cité Radieuse, qui compte déjà plusieurs galeries d’art et de design et des librairies spécialisées et qui accueille de nombreux  visiteurs chaque jour, abritera donc bientôt un centre de création ouvert à tous. Un rêve de gosse qui se réalise, la tête dans les étoiles.

Mathilde Doix, Etudiante Spécialisation CIC, 2012.

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Le « Sacre » de la danse contemporaine

A l’Auditorium de Dijon, le mardi 9 et mercredi 10 octobre, j’ai assisté avec des amis au « Sacre du printemps », œuvre célèbre de Stravinsky, interprétée par les danseurs du chorégraphe Jean-Claude Gallotta. Ce chorégraphe est apprécié et reconnu pour ces pièces contemporaines.

Le « Sacre » de Gallotta :

Tout commence par un hurlement de femme qui fend le silence de la salle.  Ensuite, les 15 danseurs arrivent en groupe sur scène et performent pendant une heure avec une énergie impressionnante. Les sauts, les petits gestes affûtés, l’énergie sautillante, la fougue juvénile, les grands élans communs rythment la pièce et mettent en évidence, plus que la sueur et l’essoufflement, l’endurance physique des danseurs.

Les danseurs jouent ensemble ou en binôme. Mais aucun d’entre eux n’a de rôle principal. Il n’y a pas d’ « élus » que le public peut suivre pour comprendre le déroulement du spectacle.

 Réflexion et compréhension :

Finalement, il nous a été difficile de comprendre, certes l’évolution, mais le sens des gestes, des relations entre les danseurs et la volonté du chorégraphe. Entre originalité et incompréhension, nous nous sommes demandés si nous devons nous préparer intellectuellement à aller voir un spectacle vivant. Est-ce préférable d’écouter l’œuvre de Stravinsky, de s’informer sur le chorégraphe Gallotta avant d’assister à la représentation, au dépit de perdre l’expérience de la découverte artistique et la réflexion personnelle ? Outre le fait que nous n’avons pas tout compris lors du spectacle, nous avons essayé d’interpréter ces mouvements, apprécier le rythme des souffles et donner du sens à la rencontre des corps. Cependant, à l’issue du spectacle, nous étions perturbés et interrogatifs sur l’accessibilité intellectuelle des œuvres contemporaines. Comment faciliter l’accès à des œuvres qui semblent élitistes pour des non-initiés ? N’est-ce pas le rôle des médiateurs culturels de nous aider et nous informer sur la pièce ?

Camille Chevailler, Etudiante, Spécialisation CIC, ESC Dijon Bourgogne


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Le Staff Benda Bilili, un symbole d’espoir et de solidarité

Lors de la 13ème édition du Tribu Festival de Dijon, nous avons assisté à la projection du long-métrage Benda Bilili de Renaud Barret et Florent de La Tullaye. Retour sur la rencontre entre deux réalisateurs français et un groupe de musiciens congolais hors du commun.

Une rencontre inopinée

Il était une fois Renaud Barret et Florent de La Tullaye déambulant dans les rues de Kinshasa à la quête d’inspiration pour leur documentaire sur les musiques urbaines africaines. Et c’est  au détour d’une rue de cette petite ville congolaise qu’ils rencontrent un groupe de musiciens. Charmés par le mélange de funk et de rumba congolaise, les deux réalisateurs décident de suivre pendant plus de quatre ans les artistes de ce groupe. Projeté à l’occasion de l’édition 2010 de la Quinzaine des réalisateurs, le documentaire revient sur l’épopée de ces personnalités remarquables depuis leurs débuts, des rues de Kinshasa à leur triomphe international.

Une force incroyable

Mais que signifie Benda Bilili ? Littéralement : « mets en valeur ce qui est dans l’ombre ». Autant dire que la philosophie et l’énergie de ces artistes sont admirables. En effet, atteints de cette maladie infectieuse qu’est la polio, les membres du Staff se déplacent en fauteuils roulants customisés, accompagnés de leurs instruments, fruit de leur travail. C’est à travers des paroles touchantes que les Benda Bilili mettent en avant l’importance de l’aspect psychologique dans la maladie. Avez-vous déjà remarqué à quel point leurs chansons sont sources de bonheur, remplies de conseils pour mieux vivre avec le handicap ? Et c’est justement ici que leur crédo prend tout son sens : « regarde au-delà des apparences ». Comment ne pas admirer leur envie de faire « bouger le monde » ?

Le début d’une grande aventure

Leur premier disque Très très fort, sorti en 2009, s’est transformé en un véritable passeport pour l’Europe. Après avoir quitté les rues du Congo c’est le commencement d’un incroyable périple pour le Staff Benda Bilili : premiers voyages en avions, début des tournées, … et voilà une nouvelle vie qui débute !

Après trois années de concert sans relâche et suite à l’intégration de nouveaux membres, le Staff Benda Bilili sort son nouvel opus « Bouger le monde » en septembre 2012 et une chose est certaine, nous allons bouger avec eux !

Retrouvez, en cliquant ici, le clip de Benda Bilili, « Bouger le monde ».

Pascaline Pont, Etudiante, Spécialisation CIC, ESC Dijon Bourgogne

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Focus sur la promo 2012/2013

Aujourd’hui, histoire de donner une idée plus précise à nos partenaires et aux futurs étudiants qui passerons éventuellement par ici, nous avons décidé de consacrer cet article à vous présenter le MECIC et sa nouvelle promotion 2013. Mais surtout, nous voulons destiner cet article à une autre catégorie qui nous est plus personnelle, celle de tous les grand-pères perplexes devant nos choix d’orientation et les yeux embués d’incompréhension devant ces initiales : MECIC.

Cher papi,

J’ai retrouvé les bancs de l’école depuis le début du mois de septembre. Tu sais que c’est ma troisième et dernière année à l’Ecole de Commerce de Dijon. Et bien, pour cette dernière année, j’ai choisi la spécialisation de mon Master.

Toi qui connais mon engouement pour le spectacle vivant tu ne seras sans doute pas étonné de savoir que je me suis orientée vers une spécialisation en culture et industries créatives. Tu penseras sans doute que cette décision est moins raisonnable que de rejoindre les as de la finance ou les rois du marketing mais détrompe toi ! Cette formation généraliste et commerciale plaît aux structures culturelles. Nous sommes des gestionnaires passionnés. Les entreprises ont besoin de ces formations. Le MECIC nous permet d’acquérir plusieurs cordes à notre arc grâce à des cours de droit, de management stratégique, de marketing et de gestion budgétaire et financière. Cela à travers beaucoup d’étude de cas.

Je vais te présenter notre groupe : une petite promo de 13 personnes (bon, cette année que des filles) issues d’horizons très différents. Nous avons des cursus scolaires hétérogènes : des BTS, des DUT, des licences (DEUG a ton époque) et des prépas. Nous venons de filières variées comme le commerce international, la gestion des entreprises et des administrations, la prépa littéraire. Il y a même deux allemandes du Master histoire de l’art de Berlin et une fille qui vient d’archéologie….  A nous toutes, nous avons déjà réussi par nos stages, nos césures et nos apprentissages à infiltrer beaucoup de secteurs culturels parmi lesquels les musées, les théâtres, les salles de concert et le cinéma.

Tu dois sûrement te demander comment ces personnes totalement différentes se sont retrouvées ?  Notre point commun est la culture. Alors, le soir après les cours, notre petite bande se retrouve à arpenter les différents lieux culturels de la belle Dijonnaise.

Je sais que tu as entendu que dans la culture il y a peu de débouchés, que les salaires sont moins attractifs qu’en finance et que les promotions sont plutôt rares. Mais ne négligeons pas un atout qui, de tout temps, a permit d’abattre les murs les plus épais : notre pugnacité.

Le MECIC nous forme à des métiers très variés : administratif, chargé de production et de diffusion, responsable de relations publiques, chef de projet d’action culturelle ou éducative, chargé de partenariats et de mécénat, chargé de mission en communication et en marketing de produits culturels, organisateur d’évènements culturels, manager mais aussi agent d’artistes…

De plus, que ce soit par nos rencontres avec des partenaires-entreprises du MECIC, les intervenants extérieurs qui viennent chaque semaine, nos activités culturelles, nous n’avons cessé de créer des contacts avec le milieu. Oui Papi, petit à petit, nous tissons notre toile dans ce milieu de requin. Et nous comptons bien y arriver.

J’espère que je t’ai rassuré,

Je t’embrasse,

A bientôt.

P.S : tu trouveras ci-joint notre photo de classe

(c) Mathieu Miles Photographe

 

Céline Augnacs, Manon Bayet & Pascaline Pont, étudiantes spécialisation CIC

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L’ESC c’est aussi sortir

Le temps monotone d’octobre de Dijon, nous incite à rester sous la couette. Mais pourquoi ne pas sortir à l’abri de la pluie et du froid pour se plonger dans l’histoire du XIXème siècle. L’exposition François et Sophie Rude du 12 octobre 2012 au 28 janvier 2013, a lieu au musée des beaux arts de Dijon.

François Rude (1784-1855) est un sculpteur du XIXème siècle, il a notamment réalisé ‘le Départ des Volontaires’. Sophie Rude (1784-1855) est portraitiste.

Vous aurez la possibilité d’admirer des œuvres inédites, en effet de nombreuses seront sorties des réserves, restaurées ou vous disposerez de moulages d’œuvres disparues ou indéplaçables.

Les œuvres sont issues de musées reconnus comme le Louvre, Versailles, mais aussi de particuliers. Des visites commentées de l’exposition sont possibles.

 

Pour toutes informations complémentaires :

Christine Lepeu,

Assistante de communication

Tél : 03 80 74 53 27

@ : clepeu@ville-dijon.fr

Musée des Beaux-Arts de Dijon

Palais des Ducs et des Etats de Bourgogne

Tél : 03 80 74 52 09

@ : museedesbeauxarts@villes-dijon.fr

Céline AUGNACS, Etudiante, Spécialisation CIC, ESC Dijon

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Du sens de l’engagement pour la culture

Pussy riots / (c) REUTERS

Il est souvent fait la critique aux écoles de commerce et aux formations culturo-commerciales de manquer de profondeur.  Allant à l’encontre de ce préjugé, le MECIC a accueilli ce lundi 17 septembre, Emmanuel Breton, philosophe, dramaturge (et récemment diplômé en architecture) pour réfléchir ensemble sur le sens de l’engagement pour la culture.  Petit résumé de cette intervention…

C’est d’abord la définition Nietzschéenne qui a été privilégiée par le conférencier : l’artiste est un individu qui interrompt la bienséance et interroge le sens du monde, le sens de son époque. Il intervient de façon intempestive dans la société. Sa prise de parole interpelle. Elle est inactuelle, en décalage avec son temps. Et c’est ce décalage dont ont besoin les sociétés.

Pourtant, deux mouvements s’opposent.

Le premier mouvement est historique.  Si au Ve siècle avant J.C les Grecs avait un rapport aristocratique à la culture et la réservait seulement aux hommes de goût, l’accès à l’art s’est depuis démocratisé. Aujourd’hui, la perception de la culture dans la société de masse a été héritée de celle des Philistins et l’art devient un bien de consommation comme un autre. L’art est alors intéressant pour sa valeur d’échange (valeur marchande) et pour sa valeur symbolique (valeur ostentatoire). Le temps n’est là que pour consommer plus.

Le second mouvement est celui des philosophes de la modernité. Ceux-ci s’alarment. Aujourd’hui le créateur doit faire face au néant. A partir du moment où l’art n’est plus que substance, la modernité est un état de crise perpétuelle. Dans ce monde où l’art s’est conceptualisé, créer est faire face à l’impossible. Pour Arendt, la société de masse ne tient plus compte du point de vue du public, du goût des individus. Pour Sloterdijk, ces individus sont devenus des consommateurs finaux. Pour Benjamin, il n’y a plus d’Aura (de rencontre à un moment donné, dans un endroit définit), plus d’hic et nunc de la création, de la reproduction et de la diffusion artistique.

Ainsi, si les nouvelles formes d’art sont infiniment reproductibles et plus facilement accessibles, l’individualisme et l’absence d’échange communicationnel rend paradoxalement plus difficile pour les artistes d’atteindre leur public. Et c’est pour éliminer ce paradoxe que les artistes de la scène contemporaine doivent s’engager dans le vivre ensemble.

Manon Bayet, Etudiante, Spécialisation CIC

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La voie du marketing expérientiel pour rendre accessible l’art contemporain

L’intérieur du Stedelijk Muséum d’Amsterdam © Lex van Lieshout / ANP Mag / ANP / AFP

L’art contemporain est souvent mal perçu du grand public. Pour le rendre plus accessible, il est utile de penser la consommation culturelle par le biais du marketing expérientiel.

L’art contemporain, proposant des dispositifs artistiques inédits, bouleverse non seulement les critères esthétiques traditionnels mais également la réception des œuvres. Provoquant un déplacement dans le système de jugement et de références sur lesquels se fondent la critique et le ressenti du spectateur, l’art contemporain est souvent perçu comme étant élitiste, réservé à une minorité d’intellectuels. Malgré son déploiement et son institutionnalisation au fil des années, la rencontre entre l’art contemporain et le grand public ne se fait pas sans difficultés (cf. Marc Jimenez). Si l’objet d’art contemporain met à mal les repères traditionnels pour la critique et le jugement esthétique, les dispositifs de médiation culturelle s’évertuent à rendre accessibles des œuvres et des contenus culturels. Sujet très sensible, qui suscite de nombreuses polémiques, la médiation en art contemporain est souvent remise en cause et suscite des doutes quant au rôle passif du spectateur à qui on apporte une information toute faite et parfois déformée par rapport au propos artistique présenté.

A travers notre recherche, nous nous interrogeons sur la notion d’expérience appliquée à l’offre expographique afin de rendre compte de la pluralité de moyens d’améliorer l’accessibilité à l’art contemporain. Définie comme « un état subjectif primaire caractérisé par le symbolisme, l’hédonisme et l’esthétisme du produit » (cf. Dominique Bourgeon), la notion d’expérience de consommation culturelle correspond à la recherche d’une gratification affective de la part du grand public. S’intéresser au concept d’expérience à travers la mise en exposition, la scénographie, implique alors porter son attention dans la construction de l’offre expérientielle non seulement sur l’œuvre en elle-même, mais également sur la réception du public, à la qualité de l’interaction et à celle de l’environnement.

Nous pouvons concevoir la notion d’expérience avec Jean-Jaques Boutaud en tant que moment vécu avec une certaine intensité et caractérisé par une discontinuité, une rupture par rapport au continuum de la vie ordinaire. L’expérience de consommation demande une position réflexive du sujet : il est à la fois acteur et spectateur de sa situation. Elle suppose une unité dramatique concentrée dans le temps et l’espace, qui convoque des rôles (entrer en scène, mettre en scène, se laisser prendre au jeu). Il se dégage globalement une note affective, favorable, harmonieuse ou intense que le consommateur désire partager avec d’autres, ainsi qu’une empreinte mémorielle qui fixe l’expérience comme moment d’acquisition, d’apprentissage.

Vivre l’art contemporain sous toutes les facettes de l’expérience

Espace pluie dans un studio d’art contemporain

Voir la video

Ainsi, en traduisant les cinq facettes de la roue expérientielle de Patrick Hetzel, Jean-Jacques Boutaud propose quatre dimensions stratégiques pour créer une offre expérientielle : l’emphatique (proposer l’extraordinaire), l’empathique (créer du lien), le phatique (surprendre), le pathique (stimuler les 5 sens). La valorisation emphatique, dans un sens sémiotique correspond à la valorisation des signes pour immerger le spectateur dans un monde de l’ »extraordinaire » : multitude d’ambiances, pluralité d’objets, de couleurs ou de sons, pluridimensionalité des espaces qui plongent l’individu dans un monde d’évasion, onirique, afin de produire cette parenthèse par rapport à la vie ordinaire.

La dimension empathique concerne la relation sensible à l’environnement, en termes de connivence : sentir l’ambiance, ressentir une œuvre, échanger avec l’artiste, comprendre son intention, se laisser immerger dans le flot des sensations, des émotions esthétiques. Même si la médiation culturelle n’est pas la seule à assumer ce rôle empathique, sa qualité, via les cartels, les brochures, les catalogues, les médiateurs, les audio-guides occupe une place primordiale au niveau de l’interaction avec le public. De la même manière, la capacité de répondre aux besoins primaires du visiteur (fatigue, petits faims) ou encore à son désir d’emporter une trace matérielle de ce moment vécu (objets, documentation) mènent à développer une offre périphérique qui prolonge les liens et les échanges symboliques et qui complète l’expérience de consommation culturelle.

Il est également question de prendre en compte le mode phatique, les modalités d’accrocher, de stimuler l’expérience et la curiosité intellectuelle. Ce mode explicite la manière dont on peut intéresser, capter l’attention du visiteur, tout en lui conférant une liberté de choix dans le propos expographique, à travers la mutidimensionalité sensible attachée aux espaces, aux ambiances, aux activités, aux rencontres, aux sens. La signalétique, comme repère pour la consommation à l’intérieur d’une exposition joue, alors, un rôle majeur, tout autant qu’un scénario d’exposition imaginé comme un récit, à travers lequel on maintient et on préserve la surprise du public par rapport au contenu proposé.

Dans une conception pathique, s’il est plus aisé d’imaginer une stimulation des cinq sens à travers une offre périphérique, certaines scénographies prennent parfois en compte plusieurs dimensions sensorielles, dans le respect des ouvres artistiques. En tout cas, la profusion des signes, à l’intérieur de cet univers emphatisé peut développer une acuité des sens, mis à l’épreuve continuellement.

Ce qui détermine, donc, la qualité d’une exposition d’art contemporain pour le grand public, c’est sa capacité de faire vivre une expérience à travers une mise en scène associée à la question de la réception du propos artistique présenté. Réfléchir une exposition d’art contemporain en termes d’offre expérientielle permet de déplacer l’attention sur le public et sur la manière dont il va être possible de capter son attention et, donc, de rendre accessibles les œuvres exposées.

JIMENEZ, Marc, La querelle de l’art contemporain, Éditions Gallimard, Paris, 2005.

BOURGEON-RENAULT, Dominique, Marketing de l’art et de la culture, Éditions Dunod, Paris, 2009.

BOUTAUD, Jean-Jaques, Véron Eliséo, Sémiotique ouverte. Itinéraires sémiotiques en communication, Hermès, coll. Lavoisier, Paris, 2007.

HETZEL, Patrick, Planète conso. Marketing expérientiel et nouveaux univers de consommation, Éditions Organisation, Paris, 2002.

Diana Bratu, Professeur de Marketing du Groupe ESC Dijon-Bourgogne

Article écrit en collaboration avec Florence Le Mouël, étudiante du Mastère Spécialisé MECIC (Management des Entreprises Culturelles et des Industries Créatives) du Groupe ESC Dijon-Bourgogne.

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